jeudi, 21 juillet 2011

La contemplation dans le Dzogchen

La contemplation dans le Dzogchen
- par Tenzin Wangyal Rinpoché -







"Dans le Dzogchen, le terme "Nyamshag" (la contemplation) a un sens très précis : "la présence dans l'état d'inséparabilité de la clarté et de la vacuité". (...)
Dans le cadre du Dzogchen, la méditation sur la vacuité du chemin des Sûtras et les pratiques de la voie tantrique, comme la récitation de mantras et la visualisation de déités appliquées pour obtenir l'unification de la vacuité et de la béatitude, sont des pratiques secondaires utilisées lorsqu'elles sont nécessaires.
Ce que nous devons développer en tant que pratiquant du Dzogchen, c'est la contemplation de l'inséparabilité de la vacuité et de la clarté dans l'état naturel de l'esprit. Comme ils sont déjà inséparables, dans le Dzogchen, nous n'essayons pas de les unir comme le font les pratiquants des tantras, mais nous reconnaissons simplement leur indivisibilité. Les pratiques secondaires ne sont que des moyens habiles appliqués à ce développement. (...) Dans la pratique de concentration, un dualisme subsiste entre le sujet qui se concentre (fixant son objet) et l'objet de concentration (l'objet fixé), ainsi qu'entre l'intérieur (la conscience au sein du corps et de l'esprit du pratiquant) et l'extérieur (l'objet utilisé par la méditation). Mais dans la contemplation (Dzogchen), il n'y a ni sujet ni objet : c'est comme "verser l'eau dans de l'eau" (...), il n'y a plus là d'existence relative, la perception est directe, c'est celles des yogi. (...) Il suffit simplement de demeurer dans l'état de contemplation où intérieur et extérieur n'existent plus, lorsque s'élève la reconnaissance que toute réalité "extérieure" est une projection de l'état "intérieur". (...) La façon de comprendre est directe et la manière de demeurer dans l'état de contemplation est sans distinction, entre connaisseur et connu, sujet et objet.
Cet esprit, qui, au-delà de tout esprit conceptuel, appréhende l'état naturel primordial est un esprit interne subtil, connu également sous le nom de "claire lumière" (claire désigne vacuité et lumière désigne la clarté de l'état primordial). (...) La relation que nous entretenons avec l'émergence des pensées est l'un des points cruciaux de la contemplation [Dzogchen]. En observant comment les pensées s'élèvent, demeurent et se dissolvent dans la vacuité, nous percevons leur nature véritable, vide : les pensées sont le mouvement de l'esprit et sont de même nature que l'esprit naturel, tout comme les vagues sont de la même nature que la mer. Lorsque les pensées surgissent dans l'état de contemplation, nous sommes conscients qu'elles s'élèvent de la vacuité et que leur essence à la nature de la vacuité. Elle ne nous dérangent plus et nous les laissons partir, restant dans l'équanimité de la contemplation.
De cette façon, l'état naturel de la vacuité nous apparaît plus clairement quand dans notre expérience nous nous trouvons directement au contact de l'union et de l'identité de la clarté, Rigpa, et de la vacuité, Künshi, réalisant alors que la clarté et la vacuité sont inséparables au sein de l'état naturel. (...)
Il ne s'agit pas d'un état aveugle dont les pensées seraient absentes. En fait, si l'état de calme sans pensées que nous avons cultivé est prolongé au-delà de l'espace naturel qui existe entre deux pensées, on atteint un état d'ignorance et non de présence car, dans l'absence forcée de pensées, il n'y a que vacuité sans clarté, relaxation sans présence. Dans l'état véritable de contemplation, nous ne créons ni ne bloquons les pensées, mais, sans distraction, demeurons présents à tous les instants d'esprit, que des pensées y soient présentes ou non."

Tenzin Wangyal, Les prodiges de l'esprit naturel, Le Seuil, Point Sagesse, Paris, 2000.


Les pratiquants de zazen "apprécierons" les similitudes avec hishiryo...