samedi, 19 mars 2011

Histoire de Yoka

L'histoire de Yoka est contenue dans le Dan kyo, écrit par le sixième patriarche. En voici un résumé:
Le maître zen Genkaku (profond satori), nom de Yoka Daishi (daishi: grand maître) - du village de Yoka - naquit dans une famille Tai dans l'état de On shu. Etant jeune il étudia les sutras et les shastras; il connaissait bien .l'enseignement de samatha (la tranquillisation) et de vipassana (la vision profonde). Par la lecture du vimalakirti nidesa sutra, il réalisa intuitivement le mystère de son propre esprit, c'est-à-dire qu'il réalisa l'essence de l'esprit.
Un ami appelé Gensaku, disciple du sixième patriarche, lui rendit visite et, au cours de leur conversation, il remarqua que les commentaires de Genkaku étaient en accord avec ce qu'avaient dit les différents patriarches.
Il lui demanda alors :
« Puis-je connaître le nom du maître qui vous a transmis le. Dharma ?
« J'ai eu des instructions », répliqua Genkaku, « quand j'ai étudié les sutras et les shastras de la catégorie vaipulya, niais c'est par la lecture du Vimalakirti nirdesa sutra que j'ai réalisé la signification de l'école du buddhacitta (l'esprit du Bouddha) - l'école dhyana - et, à cet égard, je n'ai pas encore eu de maître pour vérifier et confirmer ma réalisation.
- Dans le temps des bouddhas du passé », remarqua Gensaku, « il était possible de se dispenser des services d'un maître, mais depuis ce temps, celui qui atteint l'illumination sans l'aide et la confirmation d'un maître est foncièrement un hérétique ».
- Voulez-vous être assez aimable pour être mon témoin ? » Demanda Genkaku.
- Mes paroles n'ont pas de poids », répliqua son ami. « A Sokei on peut trouver le sixième patriarche près duquel une foule de visiteurs viennent de toutes les directions, avec pour but commun d'obtenir la transmission du dharma. Si vous désirez y aller, je serais heureux de vous y accompagner. »
Quand ils arrivèrent à Sokei pour une entrevue avec le patriarche, Genkaku tourna autour de lui trois fois, puis se tint debout sans le saluer.
Remarquant son attitude discourtoise, le patriarche lui dit : .
- Un moine bouddhiste est la 'personnification de trois mille préceptes de moralité et de huit mille règles disciplinaires mineures ... Je me demande d'où vous venez et ce qui vous rend si suffisant..
- Puisque la question des renaissances incessantes est une question urgente et que la mort peut survenir à n'importe quel moment, je n'ai pas de temps à perdre en cérémonies et je désire que vous me donniez une prompte réponse à ce problème..
- Pourquoi ne réalisez-vous pas le principe du « sans naissance» pour résoudre ainsi le problème de l'impermanence de la vie? répliqua le patriarche.
- Réaliser l'essence de l'esprit est être libre de renaissance » répliqua Genkaku, « et une fois que ce problème est résolu, la question de l'impermanence n'existe pas plus longtemps.
- C'est ainsi, c'est ainsi », opina le patriarche.
A ce moment, Genkaku rendit hommage selon la cérémonie du départ.
- Ne partez-vous pas trop rapidement? » demanda le patriarche.
- Comment peut-il y avoir rapidité, alors que le mouvement n'existe. pas intrinsèquement? » répondit Genkaku.
- Qui sait que le mouvement n'existe pas? » demanda le patriarche.
- J'espère que vous ne spécifierez pas » observa Genkaku.
Le patriarche le loua de sa complète compréhension de l'idée de « sans naissance » mais Genkaku rétorqua:
« Y a-t-il une idée de « sans naissance » ?
- Sans idée, qui peut spécifier? » demanda le patriarche.
- Ce qui spécifie n'est pas une idée » répliqua Genkaku.
- Bien dit! » S’exclama le patriarche. Il demanda .alors à Genkaku de retarder son départ et de passer la nuit là. C'est depuis ce moment que Genkaku fut connu de ses contemporains comme l'illuminé-qui-a-passé-une nuit-avec-le-patriarche. »